mardi 21 juillet 2009

L'horreur d'être père

Ce billet sera un billet beaucoup plus personnel que d'accoutumée.

Chaque jour que Dieu fait, je le remercie pour le bonheur qu'il m'a accordé en me donnant une si merveilleuse fille qui du haut de ses douze mois me contemple de ses yeux ronds et rieurs sur sa petite bouille qui s'accommode si bien de ce sourire qu'elle dispense à profusion.

Je pourrais digresser sans fin sur sa beauté angélique, ses rires enchanteurs ou l'émerveillement qu'elle provoque au moindre balbutiement mais ce serait feindre d'ignorer que ce bonheur a un prix.

Je n'arrive pas à identifier le moment où j'ai pleinement pris conscience de ce sentiment total et absolu. J'ai l'impression d'avoir toujours voué un amour inconditionnel à ma fille, bien avant même sa naissance.

Pourtant, il s'agit bien d'une sensation nouvelle, immense par sa force, inquiétante à la fois.
Dans mes tripes et dans ma chair, est inscrite la toute-puissance de ce lien.

Jamais je n'avais ressenti jusque là qu'un être fût plus important que tout, moi y incompris.
Dussè-je en périr, sa protection fût-elle en jeu, l'hésitation la plus fugace s'effacerait sans que l'idée n'ait même germée.

Il n'est pas question de raison mais de certitude instinctive.

Et là se trouve la rançon de ce bonheur incroyable.

A l'amour inconditionnel que je porte à ma fille s'associe un effroi aussi puissant.
La simple idée de sa mortalité est si terrorisante que la caresser, l'entrapercevoir est déjà insoutenable. Toutes ses déclinaisons ont ainsi été proscrites de mon esprit. Douleur, maladie, blessure, chute, etc.

Dès lors, comme toute idée qu'on cherche à occulter, elle devient omniprésente.

Je ne peux m'ôter de l'esprit ces mots de Stéphanie Fugain tenus à l'occasion d'une entrevue au sujet de l'association Laurette Fugain:
" On ne peut se remettre de la mort de son enfant."

J'en suis intimement convaincu. C'est peut-être cela avoir un enfant.

Mais cette horreur ne saurait l'emporter. Le bonheur ne saurait céder devant la terreur.

Fou que je suis, je m'apprête dans les heures qui viennent à doubler la peine...et la récompense.

7 commentaires:

  1. Bonjour Némo

    Je me fais depuis longtemps exactement la même réflexion que toi, et avec chacun de mes enfants. La simple idée que l'un d'entre eux puisse disparaître est un cauchemar insupportable.

    RépondreSupprimer
  2. L'hérétique,
    J'ai conscience qu'il existe des parents qui ne partagent pas ce ressenti. Même si la raison me permet de le comprendre, j'ai du mal à compatir.
    Je crois que l'on ne peut véritablement aimer d'un amour inconditionnel si celle-ci ne rime pas avec cette crainte latente.
    Elle est peut-être moins prononcée chez certains, elle n'en demeure pas moins existante.

    RépondreSupprimer
  3. j'ai toujours pensé qu'à trop penser à la disparition des êtres aimés, on vivait moins, mais bon on peut jamais s'empêcher de frémir parfois :)

    RépondreSupprimer
  4. Mystique nemo, hante la nuit par la blogosphere

    RépondreSupprimer
  5. Gaël,
    Je suis absolument d'accord avec toi...mais comme je le disais à l'Hérétique, peut-on aimer d'un amour inconditionnel sans vivre avec cette peur latente?

    Disp,
    Sylvain Souklaye est mon pire cauchemar. :D

    RépondreSupprimer
  6. bon pour le psy...

    une telle réciprocité avec l'enfant même symbolique n'est pas le meilleur bagage à lui donner.

    RépondreSupprimer
  7. Courageux anonyme,

    De quelle réciprocité parlez-vous?
    La verticalité de la relation n'est pas remise en question par l'affection que l'on porte à son enfant?!

    RépondreSupprimer

Merci de vous identifier ou au moins de signer votre commentaire d'un pseudonyme.

 
blog d'expatrié